Exil fiscal peut-être... mais quid de l'exil philanthropique ? Alors que depuis un mois "l'Affaire Depardieu" agite la médiasphère française (et même mondiale), l'association Autistes Sans Frontières rebondit avec humour sur la polémique en interpellant l'acteur via une campagne presse : "Gérard, tu veux défiscaliser ? Envoie-nous un chèque avant le 31 décembre, t'auras 66 % de déduction fiscale"...
Décryptée dans les Echos, la campagne - qui appelle à donner pour les "70.000 gamins autistes qui ne vont pas à l'école, faute de moyens" - aurait coûté "0 euros, 0 centimes" selon Florent Chapel, patron de l'agence LJ Corporate qui a réalisé le visuel. Avec cette annonce déclenchée en 24h et publiée en espace gracieux, Autistes Sans Frontières n'aurait collecté que 3000 euros. Mais l'association s'est surtout offert plus de 70 retombées presse. Une vitrine rare pour une cause qui peine parfois à faire parler d'elle.
La campagne a aussi ouvert la question de l'exil philanthropique au delà de l'exil fiscal. "Les 150 millions d'euros d'impôts versés par Gérard Depardieu, c'est pratiquement l'équivalent du 'plan autisme' mis en place par le gouvernement", souligne Florent Chapel, sur le site du Monde cette fois. "La philanthropie ne serait-elle pas une très belle porte de sortie ?" interrogent en écho Jean-Marc Adolphe (Directeur de la revue Mouvement) et Bruno Tackels (Ecrivain, journaliste) dans un billet sur le site de Libération. Créer avec cette somme une "Fondation Depardieu"... et pourquoi pas ?
Les statistiques fiables manquent mais selon certains analystes l'exil fiscal pourrait avoir été multiplié par 3 à 5 en 2012. Loin des impôts, loin du cœur ? Pas forcément affirme Virginie Seghers, interrogée par Youphil.com, "certains expriment le souhait de continuer à participer à financer des projets en France". De quoi pousser un peu plus loin la réflexion sur le rôle de la déduction fiscale dans le développement de la philanthropie...
Illustration : ©Autistessansfrontieres
