Fundraisers.fr Fundraisers.fr

Une catastrophe (aussi) pour le fundraising !

Société .

Publié le 08 septembre 2010

Les inondations qui ont ravagé le Pakistan depuis la fin juillet laisseront sans doute derrière elles un goût amer pour tous les professionnels du fundraising. Aux dévastateurs torrents pakistanais a répondu... un chétif ruisseau de dons. Et si les 20 millions de victimes et les dizaines de milliards de dollars de dégâts n'ont pas rencontré la générosité nécessaire, entravant dramatiquement l'action des humanitaires sur le terrain, c'est la grande désillusion six mois après le remarquable engouement des donateurs pour Haïti. 

En France, la Croix-Rouge a collecté 90 000 euros en une semaine, « contre 2 millions en trois jours pour Haïti », rappelle le site Youphil. L'Unicef a quant à lui récemment envoyé une communication à ses donateurs pour « tripler sa demande » : l'organisation qui avait au départ lancé un appel à dons de 36 millions d'euros a revu ses besoins à la hausse, les chiffrant aujourd'hui à 111 millions d'euros. Seul le Secours Islamique, profitant de la période propice à la charité du Ramadan, semble pour l'instant avoir tiré son épingle du jeu en matière de collecte. Selon le site d'actualité musulman Saphirnews, « l'ONG est une des seules en France à observer un regain de mobilisation pour le Pakistan aussi important que pour Haïti en récoltant quelque 200 000 euros [mi-août ndlr], voire plus (la comptabilité est en cours) ». 

Aux États-Unis, les Américains qui s'étaient montrés si prodigues pour les victimes haïtiennes, ont, eux aussi, manqué à l'appel. Alors qu’ils avaient donné en moyenne plus de 1 000 dollars par donateur pour Haïti, le don moyen pour le Pakistan a plafonné à 16 dollars par personne, déplore le magazine Foreign Policy dans un articlequi se demande « Pourquoi le monde se contrefiche des Pakistanais ? ». Le journal The Chronicle of Philanthropyqui a mené son enquête auprès d’une trentaine d’organisations, estime que, cinq semaines après le début de la catastrophe pakistanaise, 25 millions de dollars ont été collectés par ces charities…contre 700 millions à la même période pour Haïti. Là encore, c’est l’Islamic Relief USA qui a récolté le plus d’argent, avec un total de 5 millions de dollars début septembre.

Certes, les grandes vacances constituent une période peu favorable à l’information, et donc à la mobilisation des donateurs. L’éloignement géographique – et culturel – des populations touchées est également à verser au dossier de cette collecte « ratée ». Un sondage (non représentatif mais néanmoins édifiant !) mis en ligne mi-août sur le site du Figaro révélait ainsi que plus de 75 % des répondants ne s’estimaient alors « pas sensibles à l’appel à la solidarité en faveur des sinistrés du Pakistan ». Quant aux médias, ils n’ont, cette fois, pas joué le jeu des associations : pas de partenariat entre les chaînes de télé et ONG pour amplifier les appels au don, un écho médiatique faiblard proportionnellement à l’ampleur de l’événement… Ce qui conduit par exemple l’hebdomadaire Télérama (1) à fustiger des médias « en panne d’émotion » qui, à l’instar de TF1 qui n’a consacré à la catastrophe presque que des brèves, ont fait preuve d’une stupéfiante pusillanimité pour appeler aux dons.

Reste à savoir si les acteurs impliqués auront le courage de tirer, ensemble, les leçons de ce rendez-vous manqué.

 

(1)   Daté de la semaine du 4 au 10 septembre.

 

Illustration : ©RFI

Partagez ce contenu

RETOUR
EN HAUT