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La collecte de la honte

Société .

Publié le 26 juin 2017

Peut-on collecter pour n’importe qui en disant n’importe quoi ? Doit-on permettre aux intermédiaires de tout relayer ? C’est le risque, avec la générosité « 2.0 » qui se développe de plus en plus, encouragée par Internet. Et c'est la question qui va tarauder les fundraisers dans les années à venir.

Récemment, elle s'est posée avec l'odieuse collecte lancée, le 14 mai, par le Bloc identitaire, un groupuscule d'extrême droite proche du FN, afin d'empêcher les bateaux de migrants d'être sauvés par les ONG leur venant en aide. Baptisé « Defend Europe » - de la soi-disant invasion migratoire, on le devine... -, cet appel à dons cultivait, évidemment à dessein, l'ambiguïté : « Nous préparons une grande mission de sauvetage en Méditerranée, une mission pour sauver l’Europe de l’immigration clandestine. Nous voulons rassembler une équipe de professionnels, affréter un grand bateau et naviguer sur la mer Méditerranée pour contrecarrer les bateaux des ONG agissant à l’unisson avec les trafiquants d’êtres humains », expliquait le Bloc (lire cet intéressant article de Konbini).

Il aura fallu un mois pour que Paypal retire enfin cet appel. Mais c'est un mois de trop : plus de 50 000 euros ont été versés (et une partie reversée) pour renvoyer les migrants dans leur pays. Et le Bloc a eu tout le temps de se faire une mauvaise pub – mais une pub quand même...

L'affaire a suscité beaucoup de réactions indignées. Notamment celle de ce chercheur en communication, blogueur à ses heures, qui a publié un passionnant post de blog intitulé «Le financement participatif de la haine. Et la place de Paypal.», où il revient sur les enjeux sous-jacents de cette collecte de la honte. « Paypal de son côté s'est refusé à tout commentaire et n'a en rien changé sa politique sur le sujet, se contentant de s'abriter derrière un pathétique "nous ne commentons pas les cas particulier". Les survivants des hommes, femmes et enfants morts en mer apprécieront », écrit-il. Pour les fundraisers, le débat est lancé.

Illustration : © 20 Minutes

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