Si le bilan n’est pas encore tiré de la générosité qui a suivi les ravages causés par l’ouragan Irma, on peut déjà dire qu’on est probablement loin de l’afflux de dons record qui avait eu lieu en 2004, lorsque le tsunami s’était abattu, une veille de Noël, sur les plages d’Asie du sud-est. Alors qu’en 2004, les vidéos de la vague avalant tout sur son passage avaient eu un effet mobilisateur, l’absence d’images fortes, à Saint-Martin et Saint-Barthélémy, n’a sans doute pas aidé.
Plus sûrement, la persistance – et tant mieux ! – de l’Etat-providence dans ce petit bout lointain de France explique certainement aussi pourquoi la mobilisation de la générosité n’a pas été intense. Souhaitant couper court à toute polémique sur un possible « retard à l’allumage », Emmanuel Macron n’a ainsi pas hésité à montrer, avec force de mise en scène, que l’Etat français était bien présent, même à des milliers de kilomètres. A Saint-Martin, écrit le Figaro dans un astucieux article « le Président s'est fait thaumaturge. Réparer, Panser, Guérir: «Le Roi te touche , Dieu te guérit». C'est bien cette fonction lointaine du corps royal que le jeune Prince a cherché implicitement à réactiver. »
D’aucuns évoqueront aussi des maladresses de communication de la part des responsables politiques. Comme le premier ministre, Edouard Philippe, qui, dès le 7 septembre, orientait les dons vers la Fondation de France : « La Fondation de France centralisera et répartira les dons au profit de nos concitoyens sinistrés », tweetait-il, donnant le numéro où faire un don. Un rien handicapant pour les Croix Rouge, Secours populaire, et bien d'autres, qui avaient elles aussi rapidement appelé aux dons…
Cela n’a tout de même pas empêché la solidarité de déborder les cadres établis et de s’exprimer un peu tous azimuts. A l’image par exemple de la Fédération française de Tennis, qui a créé un fonds où elle a versé un demi-million d’euros à destination de la Ligue de la Guadeloupe. La semaine dernière, un concert de plusieurs artistes et people a été retransmis sur France 2, permettant de collecter 2,2 millions d’euros pour les Antilles via la Fondation de France.
