Quand l’union fait la force : la mutualisation des moyens pour la levée de fonds
Publié le 28 mars 2018
Alors qu’Esope expliquait les moyens de vaincre par l’union et l’association des forces sous la citation « l’union fait la force », on peut faire un parallèle de cette stratégie pour le secteur associatif avec les bénéfices de la mutualisation des moyens pour levée des fonds. Societality a décidé de se pencher ce mois-ci sur ce sujet avec l’éclairage de Virginie Taupenot, dirigeante du cabinet de conseil et organisme de formation Co-Alliance, qui nous a fait part de son expérience en formation et accompagnement des acteurs du monde de l’ESS (économie sociale et solidaire) en région Bourgogne-Franche-Comté (BFC).
Virginie a d’abord fait ses armes auprès de grands groupes à l’étranger et en France. Arrivée en Bourgogne, elle a travaillé auprès d’organisations professionnelles en lien avec des institutions publiques. Elle a par la suite créé son cabinet afin, notamment, de contribuer à la professionnalisation et à la pérennisation des emplois jeunes dans le cadre de l’accompagnement d’une centaine d’associations. Dès le démarrage de son activité de consultante en 2002, Virginie constate trois enjeux majeurs du secteur associatif : le besoin de professionnaliser les salariés et les bénévoles, le modèle économique dépendant des financements publics et le manque d’une réelle stratégie partenariale avec les autres acteurs du territoire.
Face à la diminution des financements publics et à la professionnalisation des acteurs du monde associatif par le dispositif sur les emplois jeunes, des mutations profondes ont pu avoir lieu pour créer des synergies durables entre les acteurs du territoire.
De la professionnalisation des acteurs de l’ESS au portage de projets communs
En BFC, la mise en place de stratégies d'acteurspartenariales a été initiée dès 2005. Les organismes paritaires collecteurs agréés et les dispositifs locaux d’accompagnement organisent la formation ou l’accompagnement du secteur associatif.
Ils sont construits sous la forme de modules progressifs et mixtes avec des temps collectifs et individualisés proposés en alternance. C’est un accompagnement opérationnel, c’est-à-dire que l’accompagnement poursuit un objectif de résultat pour le projet porté par l’association accompagnée. Au cours de ces formations ou accompagnements, Virginie a pu remarquer de manière inattendue un phénomène dans la stratégie d’échanges entre pairs qui a lieu lors de ces temps collectifs. Outre la dimension d’intelligence collective par le partage de connaissances et de savoir-faire entre les différents acteurs, cette stratégie a permis à certains acteurs de redimensionner leur projet en faisant le choix de s’associer pour porter un projet commun ce qui valorise, d’une part, son impact potentiel et, d’autre part, facilite la recherche de financements. C’est le cas d’un atelier chantier d’insertion porté par le centre de formation d’apprentis de la Noue qui s’est associé à l’association de service à la personne Unidom 21 pour monter un parcours de professionnalisation vers l’emploi tout à fait novateur.
De la sensibilisation au mécénat à l’instauration d’un partenariat stratégique avec les porteurs de projets
Le Club entreprises & mécénat en BFC a été créé en 2009. Il regroupe aujourd’hui une vingtaine de TPE, PME et Directions Régionales de grands groupes ainsi que la CCI Côte d’Or et l’Ordre des Experts Comptables BFC. En 2014, un fonds de dotation a été créé afin de valoriser et d’encourager la pratique du mécénat de manière collective. Ce fonds permet de mutualiser les moyens et d’accroître les capacités financières d’intervention des entreprises mécènes, de sécuriser juridiquement cette démarche et de soutenir collectivement des projets pertinents pour le territoire. Ce club et ce fonds de dotation cherchent à créer un partenariat entre les entreprises et les porteurs de projets qui va au-delà du simple financement.
Dans un contexte de baisse de financement public la nécessité de créer des liens entre les associations et le secteur privé est réelle. Un cercle vertueux doit s’instaurer tant au niveau des associations pour mutualiser les réponses à un besoin social, qu’au niveau du secteur privé qui a la faculté de s’associer afin de soutenir les initiatives pour la dynamique et l’attractivité du territoire.
