En France, la Croix-Rouge a collecté 90 000 euros en une semaine, « contre 2 millions en trois jours pour Haïti », rappelle le site Youphil. L'Unicef a quant à lui récemment envoyé une communication à ses donateurs pour « tripler sa demande » : l'organisation qui avait au départ lancé un appel à dons de 36 millions d'euros a revu ses besoins à la hausse, les chiffrant aujourd'hui à 111 millions d'euros. Seul le Secours Islamique, profitant de la période propice à la charité du Ramadan, semble pour l'instant avoir tiré son épingle du jeu en matière de collecte. Selon le site d'actualité musulman Saphirnews, « l'ONG est une des seules en France à observer un regain de mobilisation pour le Pakistan aussi important que pour Haïti en récoltant quelque 200 000 euros [mi-août ndlr], voire plus (la comptabilité est en cours) ». 

Aux États-Unis, les Américains qui s'étaient montrés si prodigues pour les victimes haïtiennes, ont, eux aussi, manqué à l'appel. Alors qu’ils avaient donné en moyenne plus de 1 000 dollars par donateur pour Haïti, le don moyen pour le Pakistan a plafonné à 16 dollars par personne, déplore le magazine Foreign Policy dans un articlequi se demande « Pourquoi le monde se contrefiche des Pakistanais ? ». Le journal The Chronicle of Philanthropyqui a mené son enquête auprès d’une trentaine d’organisations, estime que, cinq semaines après le début de la catastrophe pakistanaise, 25 millions de dollars ont été collectés par ces charities…contre 700 millions à la même période pour Haïti. Là encore, c’est l’Islamic Relief USA qui a récolté le plus d’argent, avec un total de 5 millions de dollars début septembre.

Certes, les grandes vacances constituent une période peu favorable à l’information, et donc à la mobilisation des donateurs. L’éloignement géographique – et culturel – des populations touchées est également à verser au dossier de cette collecte « ratée ». Un sondage (non représentatif mais néanmoins édifiant !) mis en ligne mi-août sur le site du Figaro révélait ainsi que plus de 75 % des répondants ne s’estimaient alors « pas sensibles à l’appel à la solidarité en faveur des sinistrés du Pakistan ». Quant aux médias, ils n’ont, cette fois, pas joué le jeu des associations : pas de partenariat entre les chaînes de télé et ONG pour amplifier les appels au don, un écho médiatique faiblard proportionnellement à l’ampleur de l’événement… Ce qui conduit par exemple l’hebdomadaire Télérama (1) à fustiger des médias « en panne d’émotion » qui, à l’instar de TF1 qui n’a consacré à la catastrophe presque que des brèves, ont fait preuve d’une stupéfiante pusillanimité pour appeler aux dons.

Reste à savoir si les acteurs impliqués auront le courage de tirer, ensemble, les leçons de ce rendez-vous manqué.

 

(1)   Daté de la semaine du 4 au 10 septembre.

 

Illustration : ©RFI