Dans une enquête (à lire ici), le groupe pétrolier, qui réalise les plus gros bénéfices du CAC40, s’est engagé, au début de l’année, à verser pas moins de 4 millions d’euros dans le cadre d’un partenariat de mécénat avec l’Education nationale. Objectif : soutenir des projets proposés par les Directions régionales des Affaires culturelles (Drac), ainsi qu’une quarantaine de projets d’éducation artistique et culturelle sur deux ans.

Un programme gagnant-gagnant ? Pas pour la journaliste, que ce partenariat laisse pour le moins sceptique : « Si Total veut faire du mécénat, en quoi le ministère de la Culture a-t-il besoin d’y apporter son crédit et son soutien ? », s’interroge-t-elle. « Total peut-il intervenir dans ces politiques culturelles et éducatives, à hauteur de 10 % du budget alloué par l’Etat, sans que cela n’entrave l’indépendance de celles-ci ? », questionne-t-elle encore. Le levier fiscal ? Une motivation lutôt faible puisque le pétrolier, qui a délocalisé ses sièges dans Etats à moindre pression fiscale, ne paie pas d'impôts en France... Se refaire une image de patriote à 4 millions d'euros : les ficelles paraissent un peu grosses...

Le gouvernement, qui n’en est pas à son premier galon d’essai avec la multinationale, n’entend pas « s’arrêter là ». Ministère de la jeunesse et des sports, ministère de l'Education nationale – et pourquoi pas, demain, ministère de la justice ou de l'écologie ? - comptent bien faire financer d’autres projets par de grandes entreprises. L’option de faire « financer les politiques publiques par les entreprises du CAC40 […] semble séduire de plus en plus de ministres, face aux coupes budgétaires », indique ainsi Basta!. De quoi se remémorer, une fois encore, cet avertissement de Jacques Rigaud : « Le mécénat ne doit pas faire les fins de mois d’un Etat nécessiteux »

Illustration : © Wikipedia