Que dit l’enquête d’Admical ? D’abord, que les entreprises (PME comprises) sont de plus en plus nombreuses à conduire des actions de mécénat : elles étaient 23 % en 2008, elles sont 27 % en 2010. Mais cette bonne nouvelle cache est l’arbre qui cache une forêt d’inquiétudes : entre 2008 et 2010, le budget global dédié au mécénat a ainsi dégringolé de 20 % ! La faute à la conjoncture économique qui conduit par ailleurs plus de la moitié des entreprises à faire des coupes claires dans leur budget de communication (- 8,9 %, la pire chute depuis 1992, souligne l’enquête).

Le plus touché par ce désinvestissement des financements privés est le mécénat culturel désormais relégué en dernière position des domaines les plus soutenus, derrière le social, l’éducation, la santé et le sport. En deux ans, le mécénat culturel a ainsi connu une désaffection tout à fait spectaculaire : en 2008, le budget dévolu au mécénat culturel tutoyait le milliard (soit 39 % du mécénat total), il représente aujourd’hui 380 millions d’euros (19 %). « Derrière ces centaines de millions volatilisés, ce sont des musées de taille modeste qui n’ont plus tout à fait les moyens d’entretenir leurs collections permanentes, des festivals qui périclitent, des œuvres qui ne voient pas le jour », rappelle Télérama, qui ajoute : « Seul l’argent public est véritablement garant d’une action d’une action à très long terme, indépendamment de la conjoncture ».

Une conclusion que n’aurait pas reniée Jacques Rigaud, fer de lance du développement du mécénat en France à la fin des années 1970 et fondateur d’Admical, dont on connaît la célèbre maxime : « Le mécénat n’est pas là pour boucler les fins de mois d’un Etat nécessiteux ». De quoi inviter les pouvoirs publics à profiter de cette crise profonde pour revoir leur copie sur les relations complexes entre financements publics et privés… Et encourager les fundraisers de ce secteur à se creuser encore plus les méninges pour sortir de l’ornière !

Illustration : ©Admical