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La salade qu'on a du mal à digérer

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Publié le 16 juillet 2014

On n'aurait pu rêver meilleure histoire pour démontrer l'utilité des fundraisers dans la collecte de fonds.Le 3 juillet, Zack Danger Brown, un internaute américain, a lancé, comme une boutade, une opération de collecte sur la page du site de crowdfunding Kickstarter pour... financer sa salade de pomme de terre. Somme demandée : 1 000 euros – ce qui est déjà fort cher payé ! Sauf que les internautes ont continué d'abreuver l'opération, et aujourd'hui, c'est plus de 50 000 dollars que Zack Danger Brown a levés ! Inutile de dire qu'en quelques jours, ce salarié travaillant lui-même dans le Web, est devenu une véritable star d’Internet, interviewé par le très respecté Washington Post. Et que les 50 000 dollars collectés – pour rien, donc, alors que la plupart des associations se damneraient pour collecter autant en si peu de temps – ont suscité de très légitimes interrogations…

« Si la blague a si bien pris, (...) c’est qu’elle moque avec un talent certain les sites de finance participative, et leurs éternelles contreparties, analyse le journaliste spécialisé Web, Vincent Glad, sur Slate.frPour une mise d’un dollar, l’internaute obtient un remerciement sur le site officiel de la salade de pommes de terre et la mention de son nom à voix haute par le cuisinier pendant la confection du plat. Pour 2 dollars, une photo est offerte en plus. Pour 3 dollars, une bouchée de la salade de pomme de terre (les conditions de livraison restent floues). Pour 5 dollars, Zack Danger Brown propose un «DELUXE PACKAGE» comprenant toutes les fantastiques opportunités pré-citées ainsi que la possibilité de rajouter un ingrédient à la recette, ce qui, avec plus de 200 personnes ayant souscrit pour le package, laisse planer un risque sérieux sur la qualité de la salade. Pour 20 euros, l’internaute reçoit un haïku en hommage à la salade de pommes de terre et voit son nom gravé pour l’éternité sur une pomme de terre de la fameuse salade ». Et le journaliste de parler de « crowdfoutage de gueule » (joli néologisme dont vous découvrirez un semblant de définition ici).

Quelles leçons retenir de cette si ironique fable ? D'aucuns ont dénoncé le système Kickstarter qui, par manque de personnel, a récemment supprimé la modération a priori concernant les projets déposés sur le site, laissant tout et n'importe quoi débarquer sur la toile. « L'opération "salade de patate" (...) démontre par l'absurde certaines failles des sites de financement participatif, et leur propension à servir de support de promotion », juge ainsi La Tribune. Elle démontre surtout que la « main invisible » de la générosité a sérieusement besoin de professionnels pour réguler et orienter les bonnes intentions ! Sur le site du Nouvel ObsMathieu Maire du Poset se veut positif : « Au final, ce "buzz patate" aura surtout permis d’accroître encore un peu plus la notoriété du financement participatif, même si cela s’est fait autour d’une "vraie-fausse" collecte. Et malgré la confusion qu’elle a créé chez certains nouveaux utilisateurs, elle aura aidé à faire découvrir les services de nombreuses plateformes encore à un plus large public, dont l’on sait déjà qu’il reviendra soutenir des projets créatifs, solidaires, culturels, innovants ou d’entreprises ».

 

Illustration : ©750g

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