Fundraisers.fr Fundraisers.fr

Dons et politique : les liaisons dangereuses

Société .

Publié le 13 mars 2018

Février, période de validation des comptes de campagne de la dernière présidentielle. Et des questionnements qu'ils soulèvent... Côté dons individuels, c'est Emmanuel Macron, grand gagnant de la course qui est aussi le grand gagnant de la générosité privée : En Marche! aurait ainsi perçu 3 à 5 millions d'euros via des mécènes, dont un peu plus d'un million de personnes physiques. Parmi ces derniers, 24 dons ont été pointés par la Commission de vérification des comptes de campagne (CNCCFP) comme trop élevés par rapport à ce qu'autorise la loi (lire ici ou ).

Pour la chercheuse en économie, Julia Cagé – qui fut aussi membre de l'équipe de campagne de Benoît Hamon -, la générosité privée est en train de devenir un sujet de plus en plus important dans le jeu électoral. « ‘‘Un euro, une voix’’ semble mieux à même de définir aujourd’hui le fonctionnement de nos démocraties. Avec le creusement des inégalités, apparaît en effet de plus en plus clairement le risque que l’argent vienne corrompre la – et les – politique », écrit-elle dans une tribune publiée dans Le Monde. Se basant sur ce qu'il en a coûté aux mécènes de financer la campagne d'Emmanuel Macron, elle évalue, en se basant sur la réforme supprimant l'ISF, à 60 000 % le « retour sur investissement » de leur mécénat. Rentable !

Dans ces conditions conclut l'économiste, « un sujet devient central : celui de l’impact des dons sur les résultats électoraux, et de leur nécessaire régulation ». La chercheuse a mené une étude en croisant les données de 4 élections municipales et 5 législatives. Première enseignement : ce sont les citoyens de droite qui font des dons. A gauche, ils sont quasi inexistants sur la base des élections étudiées (notons que la donne a changé il y a peu avec la campagne de Jean-Luc Mélenchon, largement inspirée par celle de Bernie Sanders, qui a mobilisé de nombreux petits donateurs). Les conséquences ? Les candidats les plus riches, et donc les plus soutenus par les dons, ont aussi le plus de chance de l'emporter. On savait déjà que l'argent est le nerf de la guerre, on se doutait qu'il était aussi celui de la politique. On sait maintenant que la démocratie aura de plus en plus besoin de fundraisers compétents et scrupuleux...

Partagez ce contenu

RETOUR
EN HAUT